lundi, mai 25, 1992

Les bleus ont les JO en main

Les handballeurs français, qualifiés pour la première fois de leur histoire pour les jeux Olympiques ont déçu lors du challenge Marrane où ils n’ont pu atteindre les finales

DANIEL COSTANTINI, est un personnage. D’un accès facile, passionné, l’aura qu’il possède au sein du handball français est comparable à celle de Michel Platini pour le football.

A propos du challenge Marrane, l’entraîneur national est un peu déçu par le comportement général de l’équipe de France qui n’a pu se qualifier pour les demi-finales du tournoi. Il s’implique lui-même dans cet échec en affirmant que, le soir du match contre Cuba, les joueurs comme le manager sont apparus amorphes et sans capacité de réaction. Cette rencontre face à une équipe supposée plus faible constitue l’archétype du piège que les Français ne sont pas encore capables de négocier correctement. Daniel Costantini est encore plus critique lorsqu’il annonce : « On voit bien, dans ce genre de situation, le véritable niveau du hand français. On arrive parfois à obtenir de très bons résultats, mais dès que toutes les conditions favorables ne sont pas réunies, à savoir une parfaite concentration, le public qui nous pousse et l’effectif au complet, nous sommes capables de balbutier notre jeu ou carrément de ne plus jouer ensemble. Contre Cuba, le trio Lathoud, Richardson et Schaaf, si brillants dans leurs clubs respectifs, est passé à côté de son sujet. Quand je leur demande quelque chose, je leur donne les moyens de le faire. Et si les circonstances sont difficiles, les joueurs doivent se débrouiller pour trouver les solutions. Je pourrais certes opérer des changements, mais je préfère tester les capacités de réaction et d’adaptation de mes joueurs. »

Ayant acquis la certitude que, pour la première fois de son histoire, l’équipe de France de handball ira aux JO, les Tricolores, hormis les matches contre les meilleurs mondiaux, ne se livrent pas vraiment. Comme tous les sportifs qui préparent ce grand rendez-vous, ils craignent pas exemple qu’une blessure survienne et les prive de ce très grand moment. En tenant compte de ces différents facteurs, et tout en se fixant comme objectif d’amener les joueurs au maximum de leurs capacités physiques et morales pour le 27 juillet (date de la première rencontre du tournoi olympique... contre l’Espagne), Daniel Costantini a mis sur pied un programme composé de stages, de tournois et de rencontres internationales (Hongrie, Tchécoslovaquie, Yougoslavie).

D’ici au 27 juillet, tout au long des cinquante jours de préparation que Daniel Costantini passera avec les joueurs, il y a une échéance que tous redoutent, c’est la date fatidique du 15 juillet, jour où la FFHD devra communiquer la liste des seize joueurs sélectionnés pour les jeux Olympiques de Barcelone. Si les blessures épargnent le collectif, il n’y aura pas de surprise et le groupe sera essentiellement composé des hommes qui forment la sélection nationale depuis 1990.

Sur place, l’objectif de l’équipe de France sera de gravir une ou deux places dans la hiérarchie mondiale en visant le septième ou le huitième rang. Mais plus que cela, ce qui plairait à l’entraîneur national, ce serait de voir la France réussir un tournoi olympique d’un haut niveau de performances : « Je préfère perdre trois ou quatre fois d’un but contre les meilleures équipes du monde, plutôt que de faire une « perf » et trois mauvais matches. »

La prochaine échéance qui attend le handball français ce sont les championnats du monde en Suède en mars 1993. C’est à l’issue de cette compétition que Daniel Costantini annoncera son retrait du poste d’entraîneur national... à moins que la France obtienne l’organisation des championnats du monde de... 1995 !

Thierry Olivier.

Article paru dans l'humanité édition du 25 mai 1992.