vendredi, septembre 23, 2005

Le hand français se cherche des appuis

La Ligue de handball vient de signer un accord avec Eurosport pour la diffusion du championnat, ce qui devrait favoriser la recherche de sponsors.

Le handball français, qui accumule les titres de champion du monde chez les hommes (en 1995 et 2001) et chez les femmes (en 2003), n'arrive pas à se vendre auprès des sponsors, au grand désappointement d'Alain Smadja, le président de la Ligue nationale. Certes, la jeunesse de cette dernière, créée en mai 2004, peut expliquer la prudence du monde économique, mais la fédération (un budget d'environ 10 millions d'euros), qui a gardé une partie de la gestion du secteur professionnel (la deuxième division hommes et l'élite femmes), n'a jamais caché ses difficultés à attirer les entreprises vers un sport qui compte 350.000 licenciés et 14 clubs de haut niveau masculin, et qui représente un chiffre d'affaires estimé à 23,7 millions d'euros.

« Ce qui attire les sponsors, c'est la télévision, qui offre une vitrine d'exposition sans commune mesure pour les entreprises », souligne Alain Smadja. L'accord signé avec Eurosport, sur trois ans, pour la diffusion du championnat national qui a repris le 11 septembre, devrait faciliter sa tâche. « Nous retransmettrons cette saison 25 matchs, ainsi que la finale de la Coupe de la Ligue, soit plus de cent heures de programmes dédiés au hanball français », commente Patrick Goddet, le directeur de la chaîne en France. L'accord se monte à 600.000 euros, d'un même montant que celui signé par Sport+ (groupe Canal+) avec la fédération pour quatre ans et la diffusion des matchs des équipes nationales.

Le président de la Ligue fait remarquer que la chaîne leader sur le câble et le satellite ouvre cinquante fenêtres télévisuelles plus un magazine au handball, une offre avantageuse pour les sponsors. « Ce partenariat TV marque une étape fondatrice pour nous. La première année, nous avons montré que nous avions un savoir-faire technique pour gérer le championnat, ce qui n'est pas une mince affaire. Maintenant il s'agit de vendre notre produit comme l'ont fait avant nous le basket ou le rugby », dit-il.

Le marketing sportif de la LNH représente actuellement 300.000 euros sur un budget de 1,2 million. Au niveau des 14 clubs de haut niveau « à peine 20 % de leur budget », note Laurent Jacqueminet qui vient d'être nommé directeur du marketing de la Ligue. La firme anglaise Mitre Sports International, deuxième fabricant au monde de ballons, est la seule grande marque qui s'affiche partenaire de la Coupe de la Ligue, souhaitant s'implanter sur le marché français. L'accord, signé pour trois ans, comprend une partie cash (15.000 euros), une partie de fournitures en ballons et des royalties sur les ventes.

Pour attirer les entreprises, la LNH a établi un cahier des charges précis, avec une clef de répartition des revenus sponsoring entre la Ligue et les clubs, « sachant qu'à côté des partenaires locaux des clubs, nous souhaitons avoir des sponsors nationaux », dit le responsable du marketing. L'offre se situe à plusieurs niveaux et varie de 80.000 à 275.000 euros la saison.

« Des contacts ont été établis dans le secteur de l'automobile, la bancassurance et les grande distribution », révèle Alain Smadja dont la démarche s'appuie sur une situation financière saine des clubs dont le budget moyen se situe à 1,6 million (dont les 2/3 sous forme de subvention des collectivités territoriales). « Le seul en difficulté est celui de Toulouse, qui affichait un déficit situé entre 400.000 et 500.000 euros. Mais un accord a été trouvé pour l'apurement de la dette », indique le président de la Ligue qui a présidé la Commission nationale d'aide et de contrôle de gestion (CNACG) à la fédération. Certes, les capacités financières des clubs français sont en dessous de celles des grandes nations de handball européennes (Allemagne, Espagne, Russie, etc).


Moderniser les salles
Le budget de Montpellier, champion de France la saison passée, se monte à 3,8 millions d'euros, ce qui équivaut au budget moyen d'un club allemand. Malgré ce handicap, les clubs français dont cinq sont engagés dans les différentes compétitions européennes (championnat d'Europe, Coupe des Coupes, Coupe de l'EHF), ont réussi à conserver cette saison leurs meilleurs joueurs, voire à faire revenir des stars comme Jackson Richardson, à Chambéry. Le salaire moyen d'un handballeur tourne autour de 3.000 euros net par mois (20 % de la rémunération sous forme de prime d'objectif), mais les deux tiers d'entre-eux sont pluri-actifs.

Enfin, l'augmentation des ressources en billetterie des clubs sensibilise la Ligue. « En Allemagne ou en Espagne, les clubs évoluent dans des salles de 4.000 places, ils sont en avance sur nous », reconnaît le président de la LNH. Plusieurs projets de construction ou de modernisation de salles ont été lancés (Chambéry, Pontault-Combault, Sélestat, Tremblay-en-France, etc.), l'objectif étant d'avoir des capacités susceptibles d'accueillir au moins 2.000 personnes.