mardi, juin 21, 2005

L'adieu d'un barjot

Le handball français perd un de ses joyaux. Après la retraite internationale de Jackson Richardson, Stéphane Stoecklin, champion du monde 1995, a annoncé qu’il mettait un terme à sa carrière professionnelle. Arrière droit hors pair, le gaucher de Chambéry est trahi par un physique meurtri par de multiples douleurs.

Une carrière exemplaire
En 1992, lorsqu’il entend la Marseillaise retentir à Barcelone, une médaille de bronze autour du cou, Stéphane Stoecklin ne se doute pas qu’il est à l’orée d’une incroyable aventure sportive. Champion de France avec Nîmes en 1991 et 1993, le Français pouvait néanmoins s’y attendre. Mais ce qui restera comme le plus grand exploit de sa carrière, sera sans aucun doute possible le titre de champion du monde glané en 1995 à la grande époque des Barjots. Épaulé par une panoplie de joueurs talentueux, qui deviendront plus tard les Costauds, Stoecklin était un leader naturel sur le terrain. Avec 238 sélections et 900 buts marqués, il est l’un des joueurs les plus capé du handball tricolore. Désigné à maintes reprises meilleurs arrières droit du monde, ce natif de Bourgoin-Jallieu, a également évolué en Allemagne, à Minden, dans la fameuse Bundesliga. Là encore, Stoecklin ne passe pas inaperçu. Il termine en 1998 meilleur buteur du si difficile championnat allemand après avoir été élu officiellement meilleur joueur du monde en 1997. Il est alors au sommet de son art.
C’est à ce moment précis qu’il décide de donner à sa carrière une nouvelle tournure. En signant pour Suzuka et la ligue japonaise, le gaucher a avoué ouvertement que ses principales motivations étaient financière le club japonais lui offrant 1,5 million de francs par an, le double de ce que son club allemand de l’époque, le GWD Minden, lui offrait.
Un choix assumé parfaitement par le joueur, au contraire d’autres sportifs, plus chatouilleux sur la question. « Je n’ai pas fait de longues études, le hand de haut niveau m’a permis d’être à l’abri, moi et ma famille. Dans le hand, on s’arrête à trente-cinq ans et on est imposé comme tout le monde », déclarait-il en 1999, en choisissant alors de quitter un maillot bleu endossé sans interruption durant neuf années. Les années d’or du hand français, entre une médaille de bronze à Barcelone en 1992, un titre de champion du monde en 1995 et la consécration d’un titre de meilleur joueur du monde en 1997. Stoecklin ne donnait jamais le sentiment de forcer.
Après cinq ans passé dans le pays du soleil levant où il aura raflé cinq titres nationaux et deux Coupes du Japon, Stoecklin décidait de retourner à 33 ans dans l’élite française, à Chambéry, club qu‘il avait déjà côtoyé dans les années 80. Toujours en mesure de faire la différence à n'importe quel moment d'une rencontre, le joueur avait même songé à l’éventualité de revenir en équipe de France après avoir quitté les Bleus en 1999, en Égypte. Avec une véritable aisance naturelle, le joueur s’impatientait déjà à l’idée de rejouer avec son comparse tricolore, Jackson Richardson. Mais diminué par des douleurs incessantes à un genou, Stoecklin n’a pu faire autrement que de tirer sa révérence. «Je met un terme à ma carrière car je ne peux plus jouer. Je ne suis pas en mesure d’honorer la dernière année de mon contrat, mon genou me fait trop souffrir. J’ai essayé de continuer mais je n’y arrive plus. Je préfère ne pas prendre de risque. (…) Je n’ai aucun regret sur l’ensemble de ma carrière. Sauf peut être de ne rien avoir gagné avec Chambéry, le club qui m’a accueilli.»a t-il déclaré dans les colonnes de L’Équipe. Ce génie du handball aura quand même eu le mérite de faire chavirer de bonheur les supporters de tous les clubs dans lesquels il a joué.
En 1999, il déclarait à l’Humanité, à l’heure de sa retraite internationale, aspirer à un « petit bout de plage ». C’est fait depuis peu, avec une maison achetée en Thaïlande, à Koh-Samui.