dimanche, septembre 14, 1997

Sayonara Stoecklin

Aux cartons de déménagement, les époux Stoecklin ont préférés les caisses de plastique. Plus résistantes, mais, comme nos malles d'antan, pas à I'abri d'une éventration lied à une surcharge. Aussi, Isabelle, la femme de Stéphane, a-t-elle pris soin de cadenasser ('ensemble en n'omettant pas de numéroter les clés. Une précaution justifiée par le long périple qui attend la famille, en partance de Minden, au nord de Hanovre, pour Suzuka au sud de Tokyo, via Francfort dans un camion également charge les affaires de Frédéric Volle, le grand copain de Stoecklin, depuis deux ans à Wallau-Massenheim, lui aus­si recruté par le club nippon de Suzuka Honda (la firme automo­bile est le sponsor du club).

Si le chargement partira par la vole maritime, le duo prendra celle des airs. Avant le grand départ « dans l'inconnu », comme il le définit lui-même, Stéphane Stoec­klin revient sur ses deux saisons outre-Rhin, son titre de meilleur joueur du monde 1997 et son atta­chement à I'équipe de France avec laquelle I'arrière droit se trouve actuellement en stage à Vittel, pour préparer le Championnat d'Europe qui se jouera en Italie du 29 mai au 7 juin.

L'EXPERIENCE ALLEMANDE

Lassé de -jouer devant une salle vide au PSG -, Stéphane Stoecklin signa pour deux saisons en Allemagne, au GWD Minden, un club de milieu de tableau de la Bundesliga. En conséquence, I'arrière droit ne disputa aucune Coupe d'Europe -, Mon grand regret est de ne pas en avoir gagné une - et ne put prétendre jouer le titre. Qu'importe, il n'hésita pas à annoncer clairement sa motivation : « Il faudrait être idiot pour refuser de jouer dans le championnat le plus relevé du monde, tout en gagnant trois fois plus ». Troisième buteur de la Ligue la première saison (sans une blessure à un poignet, il aurait pu prétendre au trophée), le Français a pris la première place des réali­sateurs cette année (207 buts, dont 53 penalties, en 28 matches). Outre un compte en banque garni (son salaire est net d'impôts), Sté­phane retient surtout les leçons apprises... hors des terrains : « J'ai appris une langue étrangère et à vivre à I'étranger. C'est pourquoi je n'ai pas peur de partir au Japon. Et même si ça ne me plait pas, je préfère faire des sacrifices pendant trois ans, plutôt que de rester vingt ans derrière un bureau. En Alle­magne, j'ai aussi connu le hand professionnel, la manière de gérer un Championnat difficile. Sur le terrain, en revanche, je n ai pas tellement appris. »

SON DEPART AU JAPON

Comme il ne cacha pas ('impor­tance de I'intérêt financier à son exit outre-Rhin, Stoecklin n'évoque pas non plus I'amour du maillot pour justifier son départ au Japon. « Il ne faut pas prendre les gens pour des c... » Ayant choisi d'arrêter ses études tôt (à l'age de dix­ neuf ans), Stéphane Stoecklin n'hésite pas à confier : « Après le hand, je n'ai rien ». De fait, com­ment refuser 1,5 MF de francs la saison nippone (une somme tou­jours nette d'impôts), soit le double de ses émoluments allemands ?

Après s'être rendu une première fois au Japon en mai 1997, mar­que par une troisième place mon­diale avec les Bleus, le Français y est retourne, en mars. Quatre jours de découverte, avec son copain Volle et leur agent allemand Wolf­gang Guetschow, camera vidéo au poing, manière de donner un aperçu à sa femme, qui s'est déjà mise au japonais. « On a passé une visite médicale, avec les ouvriers de I'usine Honda, un peu comme si on allait être embauché à la chaîne! En suite, on a rencontré les dirigeants, visité des mai­sons ». Une franche partie de rigo­lade à en croire les images, puisque dans l’une d'entre elles, Frédéric Volle devait baisser la tête pour franchir les portes, non sans avoir omis d'ôter ses chaus­sures pour pénétrer dans la demeure, typiquement nippone !

Finalement, les compères ont trouvé de quoi se loger : une mai­son de 140 m2 pour Stoecklin, comme prévu par contrat. « Les Japonais trouvaient bizarre d’habi­ter à deux dans plus de 100m2, car eux Ià-dedans, ils montent une usine, sourit-il, mais, si l'on veut bien tenter I'expérience, on ne veut pas vivre tassés comme eux ».

En prime, le Pacifique se situe à quelques mètres de leur habita­tion. « On va se mettre à la pèche avec Fred, car avec seulement trois heures d'entraînement I'après-midi, on aura le temps ! », s'amuse Stoeck , qui a tout de même, lors de son séjour, pu visionner la cassette de la finale du Championnat 1997, perdue par son futur employeur.

« La qualité de jeu n'est pas mauvaise, ça cavale tout le temps. Ils vont à deux mille à I'heure, avec des contre-attaques tout le temps », rapporte le Français qui peut communiquer en... allemand avec son entraîneur. Compte tenu de ces spécificités (pas faciles les permutations attaquant-défenseur à ce rythme), Stoecklin sera peut­-être amené à défendre au Japon. « On verra, je vais peut-être deve­nir le Pascal Mahé du Japon en mettant des tartines ! » Plus sérieusement : « Avec Fred, on essaiera d'apporter les systèmes européens. » Mais aussi d'offrir le titre de champion 1999 au club, afin de permettre à la firme de fêter dignement son cinquantième anniversaire.